Je sais.

Aujourd’hui, ça fait 10 ans que je sais.

Je sais pourquoi je respire.
Je sais pourquoi je me lève tous les matins.
Je sais pourquoi tout semble plus beau.
Je sais pourquoi je crève de trouille parfois.

Je sais pourquoi je vis tout plus fort.
Je sais pourquoi je me gave de chaque moment, de tout ce temps qui défile.
Je sais pourquoi je rigole aux larmes quand on fait les kékés poulets.
Je sais pourquoi j’existe.

Aujourd’hui, il y a 10 ans, la Vie m’a fait le fabuleux cadeau d’une petite fleur de printemps.

Merci la Vie.


Le temps est un voleur

La semaine dernière, j’ai dormi avec Babachon.
Alors oui, on a notre soirée filles tous les mardis soirs et comme mon Jean-Miche (c’est pas son vrai prénom, promis) était malade, et qu’avec mon traitement, j’évite à tout prix de tomber malade, je suis montée dormir avec ma fille.

J’ai eu une espèce d’insomnie de merde pendant laquelle je pensais à plein de choses, tmtc comme disent les jeunes, et du coup, j’observais ma fille à la lumière de son réveil et je me suis dit : le temps est un voleur.

J’observais son visage dans lequel je reconnais toujours ses traits de bébé, son petit nez retroussé et puis je regarde sa main dans la mienne et je me suis rendue compte à quel point elle a changé, elle a grandi.
Sa main qui prend maintenant presque toute la mienne, ses grands cheveux, son visage qui change, qui laisse place à un visage de-presque-jeune fille et sa silhouette qui fait maintenant tellement grande… Je suis pas prête les gars. On fait pause et on rembobine ?

Le temps est un voleur picétout.

Crohni Crohna

Ne me demande pas comment est venu ce surnom, je ne le sais plus moi-même et très franchement, j’ai tendance à me fatiguer moi-même avec mes conneries.

Crohni Crohna, aka la maladie de Crohn, le diagnostic que j’ai pris en pleine face il y a deux semaines.
« Ah, c’est la maladie où tu chies tout le temps ? »
Oui. Mais pas que.

En vrai, depuis avril où j’ai vomi en pleine réunion clients (si, si…et oui, je suis retournée en salle de réu, mon blazer de tailleur maculé de vomito sous le bras, ni vue, ni connue et show must go on), je suis un peu passée par tous les états. Les douleurs, le caca mou, la fatigue, la perte de poids (le premier qui me dit « Ça se voit pas » prend un taquet !), les prises de sang toutes plus pourries les unes que les autres, les aphtes, les analyses de caca, bref, rien qui ne va vraiment.

Je suis passée par la case colo (pas celle où tu pars quand t’as 10 ans mon gars, celle-là, c’était moins l’éclate…) et bam, c’est pas en super état là-dedans dis donc ma petite dame ! S’en suit IRM, vidéo-capsule (en vrai, ça, c’était dément : j’ai avalé une petite capsule vidéo qui a enregistré toute ma tuyauterie sur une journée !) et puis je revois le gastro qui me confirme enfin ce à quoi je m’étais préparée. C’est très vraisemblablement Crohn mais « je ne vais pas vous assommer avec la suite aujourd’hui, on verra ça lors du prochain rendez-vous ».

Pourtant un charmant chirurgien que j’avais rencontré parce qu’au départ, on pensait à ma vésicule biliaire qui était HS, m’avait gentiment claqué dans les gencives en lisant le courrier de mon médecin :
« Non Crohn, je ne pense pas, en général, les gens qui ont Crohn sont minces »
J’en glousse encore rien que de l’écrire ! Excuse you ???
« Euh bin, j’ai perdu 10kilos en 6 semaines, je sais que ça ne se voit pas sur moi mais quand même ! »
« Ah pardon, excusez-moi ! »
Gênaaaaannnnnnce !!!

Je m’étais préparée au diag, c’est pas pour autant que j’ai pas pris une (énième ?) claque dans la gueule et que je n’ai pas pleuré dans ma voiture comme une gosse en sortant de mon rendez-vous.
Maintenant, je dois m’entourer de plusieurs spécialistes et faire des analyses à gogo pour mettre un traitement immunosuppresseur en place. Ah oui, parce qu’en fait, la maladie de Crohn, c’est auto-immun et ton système immunitaire fait de la merde (sans mauvais jeu de mots).

Babachon m’a vue dans des états pas très glams et en général, quand elle me cherche, je suis (encore!) aux toilettes. Elle m’a vue au bout de ma vie, au fond de mon lit, à ne rien pouvoir avaler, à avoir envie de vomir à la simple vue de la bouffe, hyper vénère parce que je ne supporte plus rien ni personne (merci la cortisone mais les gens cons n’aident pas non plus à ce que je garde mon calme…) : pas franchement fun pour elle alors je lui ai expliqué avec des mots simples que voilà, j’avais une maladie qui fait que je serai parfois plus fatiguée que les autres mamans et que je ferai caca plus que les autres mamans (en général, le côté caca, ça marche toujours bien chez les enfants).
Sa réaction m’a fendu le coeur :
« Mais Maman, tu vas pas mourir hein ? Parce que moi, si tu meurs, j’irai où ? »
Ça, ça, les gars, c’est juste horrible. Le fait qu’elle puisse se demander où elle ira si moi je meurs, c’est le truc qui m’a butté le plus dans toute cette histoire je pense.

Alors oui, je sais, Crohn, c’est rien de trop grave, ça pourrait être plus grave, nianiania…Je le sais tout ça et sincèrement, oui, ça fait relativiser, mais n’empêche, ça reste une maladie dont on ne guérit pas et dont l’évolution est imprévisible. On peut toujours se dire qu’il y a pire que ça dans la vie, malgré tout, je prends ça au sérieux et ça me fait bizarre de me dire que j’ai un truc là-dedans qui me « bouffe » et me rend malade. Je sais aussi qu’il va falloir que je me batte pour que ça évolue dans le bon sens.
Je me dis aussi que ce n’est pas mon intestin en mode chambre à air qui va m’empêcher de vivre : j’ai encore la blinde de choses à faire sur ma to-do alors autant te dire que je vais m’y mettre rapidement, sait-on jamais ! 🙂

PS : si des gens qui ont Crohn passent par là, je suis preneuse d’échanges d’expérience 🙂
PS2 : le karma, tu peux aller te faire foutre. Je paie mon addition tous les jours depuis plusieurs années et au prix fort, tu peux donc aller chier chez les autres. Bisou.

Une enième préparation laxative avant l’entéro-IRM…Comme m’a dit la manip’ : « Bonne dégustation ! »

Ces moments précieux

Babachon a fait sa rentrée en CM1 en début de semaine et ce matin, en partant au boulot, je pensais à tous ces moments précieux que je voudrais encore garder.

Je sais qu’elle grandit, je le vois, je le ressens aussi dans son attitude parfois (hellloooowwww le caractère bien affirmé) et au milieu de tout ça, il y a ces moments précieux.

Ces moments où elle me tient par la main jusqu’au portail de l’école, où elle me fait un énorme bisou et on s’en fout des copains/copines, ces moments où elle ressort de l’école juste pour encore me faire un tout dernier bisou et où elle me dit « Bisous Maman, à ce soir, je t’aime ! », ces moments où elle me réclame son histoire du soir, ces moments où elle me demande notre soirée filles du mardi soir.

Comme tout parent, parfois, je suis saoulée, j’ai pas envie, et puis après, je me dis : « Profite de tous ces moments, personne ne te les rendra. Personne. »

Alors ce matin, j’ai ressenti sa petite main dans la mienne jusqu’au portail, ses bisous et son câlin avant de rentrer dans la cour et je me suis dit, inconsciemment : « Profite, bientôt cette petite main quittera la tienne, elle partira à l’école sans même se retourner ».

C’est sans doute la nostalgie du temps qui passe qui parle mais à la fois, je mesure la chance que j’ai de la voir grandir, changer, tout en restant proche de moi…pour le moment ! 😉

Vis. Vas et reviens mon Babachon.





Photo de son premier voyage en avion cet été ❤

9 ans

Il y a 9 ans, j’arpentais les couloirs de la maternité, à faire les 100 pas, à souffler comme un veau et à me dire que ça y est, on y était : j’allais te rencontrer. Une trouille bleue mais une sorte de sérénité malgré tout, au fond de moi, je savais que tout se passerait bien.

9 ans plus tard, je viens de te coucher, une gastro carabinée pour toi, le cœur lourd pour moi de te voir complètement HS.

J’aurais envie de revivre cette rencontre, cet accouchement où le temps s’est suspendu et où tout était parfait à cet instant T.

Il y a des instants gravés, uniques et tu es le plus beau de toute ma vie.

Ne change jamais mon Amour, sois toi, sois entière, vis, vas et reviens ❤️

Demain, tu as 9 ans.

Lettre à ma fille

Aujourd’hui, c’est la fête des mères mais c’est toi qui mérites la vedette.

Ma fille, merci d’être toi, d’être là.

Même si tu rends dinguo parfois, merci de tout résoudre avec ton rire ou ta répartie qui me laisse toujours sans voix.

Merci d’être si courageuse, si autonome, si pleine de vie, pleine d’empathie et si pleine d’amour.

Merci de toujours me réclamer ton histoire du soir, ton câlin avant de dormir et ta Gregre « parce qu’elle sent comme Mamoune ».

Merci de me faire découvrir le monde à ta hauteur et de remplir la maison de tes « chorés » de danse et de tes « chansons de kékés ».

Merci de donner un sens à cette vie un peu folle et du sens à ce monde qui part en vrille.

Tous ces mercis, je les accompagne malgré tout de quelques « Désolée ».

Désolée de n’avoir pas tout de suite réagi à ta souffrance. Désolée de t’avoir demandé de faire des efforts. Désolée de t’avoir dit que ça allait finir par s’arranger mais merci de t’être confiée à moi, d’avoir cherché refuge à mes côtés.

Ma fille, merci d’exister, merci d’avoir fait de moi une maman, parfois en carton, qui t’aime à l’infini.

Ma fille, juste merci.

Ta Mamoune.

Une année sur deux

Voilà où nous en sommes rendues mon Amour, une année sur deux à ne pas partager le réveillon ensemble.

C’est la deuxième fois que tu ne seras pas avec moi pour le 24 décembre et quand j’y pense, les larmes me montent aux yeux.

Je lutte pour ne rien montrer, pour que tu sois la plus enthousiaste possible à cette idée mais je sais que c’est dur pour toi aussi. Tu me le dis, tu me le montres.

Tu sais que Noël ne s’arrête pas à une date. Pas pour nous.

Noël, c’est quand on le décide, le 25 au soir, le 26, le 27…Peu importe. Nous sommes plus fortes qu’un simple calendrier. Noël, c’est toute cette préparation qu’on fait à chaque fois que tu es là, c’est toutes ces conversations sur le Père Noël, ses lutins et toutes les blagues qu’on imagine qu’ils vont faire.

Ce nouveau mode de vie nous apprend beaucoup de choses à toutes les deux. Celle qui revient le plus souvent ? Le lâcher-prise.

Lâcher-prise devant le calendrier, lâcher-prise parce qu’on vit parfois les choses en décalé, lâcher-prise devant certaines attitudes, lâcher-prise devant des situations qui nous blessent et tellement d’autres choses encore.

Oui mon ChaCha, on est rendues à une année sur deux mais je reste ta maman à plein temps.

Est-ce qu’un jour ça passe ?

Je me pose pas mal de questions. Sans doute de celles que les parents divorcés/séparés se posent souvent.

Est-ce qu’un jour ça passe de pleurer quand ton enfant monte dans la voiture en route vers son autre vie sans toi ?

Est-ce qu’un jour ça passe cette culpabilité que ton enfant se coupe en deux pour être avec les deux parents ?

Est-ce qu’un jour ça passe ce goût amer d’avoir perdu une précieuse semaine quand ton enfant est chez toi et tu passes la semaine à disputer, reprendre, punir ?

On dit que le temps apaise toutes les blessures et c’est vrai. Je me demande juste, si un jour, tout ça, ça passe…

A vendredi prochain mon amour.

Je te vois

Je te vois, toi, la Maman qui coche les jours sur son calendrier.

Je te vois, toi, la Maman qui dit oui aux invitations de l’extérieur mais dont le cœur saigne quand il y a des enfants présents, qui te demandent où est ton enfant à toi.

Je te vois, toi, la Maman qui renifle en secret l’oreiller de ton tout-petit juste pour retrouver son odeur.

Je te vois, toi, la Maman qui essuie une larme quand elle croise un enfant de l’âge du sien dans la rue.

Je te vois, toi, la Maman qui se repasse toutes les vidéos et photos de son enfant pour que le manque soit moins intense.

Je te vois, parce que toi, c’est moi.

2 ans

Ça fait un moment que je n’avais plus écrit ici. Pas la motivation, pas l’inspiration et pas l’envie.

Seulement, aujourd’hui, c’est un jour particulier pour moi.

Il y a 2 ans, j’ai été hospitalisée en psychiatrie. Il y a 2 ans, ça a été le début d’une fin. Le début d’un nouveau commencement.

Il y a 2 ans, je me suis retrouvée dans un service où plein de gens gravitaient autour de moi, me posaient plein de questions et moi, au milieu, je me demandais ce que je faisais là. J’avais l’impression d’être dans du coton. Que ce que je racontais n’avait aucun sens.
Que ce n’était pas moi. Que cette personne en larmes sur une chaise à raconter comment elle avait tout planifié pour mettre fin à ses jours, ce n’était pas moi.

Il y a 2 ans, j’ai rencontré des gens bienveillants, à l’écoute, qui n’ont pas jugé. Qui m’ont écoutée, accompagnée, rassurée. Qui m’ont sauvé la vie.

Après cette admission un vendredi, on m’a dit qu’on allait me garder un peu, qu’on allait me retaper. Je n’oublierai jamais ce jour là. Où finalement, tout a basculé.

Pendant ce long mois hospitalisée, j’ai pleuré comme je n’ai jamais pleuré, j’ai eu peur comme je n’ai jamais eu peur. L’inconnu était partout et je ne me suis jamais sentie aussi seule. Comme si personne ne pouvait comprendre ce qui se passait en moi.

J’avais foiré dans mon boulot, j’avais foiré mon mariage et je ne savais plus quoi faire ni où aller. C’est un drôle de sentiment, ce vide complet. Cette sensation de ne plus rien ressentir hormis le vide et la tristesse. De ne pas voir d’issue.

2 plus tard, ma fille est plus que jamais ma raison de vivre. Ma raison de me lever tous les matins. Je suis loin d’être une mère parfaite et parfois, je me dis que je suis vraiment une mère en carton mais je suis sa maman et elle m’aime comme je suis. Je lui montre l’exemple que tout se surmonte. Que la tristesse et la peine font partie de la vie mais qu’on peut aussi passer au-dessus. Que même si parfois on s’écroule, on se trompe ; on se relève toujours.

C’était il y a 2 ans. Ma 2ème vie. Merci la vie.

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